En plus de côtoyer les équipages Concorde et d'évoluer dans un milieu
passionnant, j'aurais la chance de faire quelques autres destinations
sympas. Brest (où je visite un des plus grands local syndical de
France : le centre de contrôle, je déconne VinMan :-D), Stuttgart (où j'irai
deux fois because on a eu quelques problèmes de communication), Lisbonne, CDG et surtout
l'Amérique du Sud.
Pour ce dernier trip, je pars avec Guy : finalement, on s'entend plutôt
bien tous les deux !! Au programme, San Jose, Costa Rica et Lima, Pérou.
Même programme que le Kenya : ma tâche à moi c'est la mesure, lui se charge
de l'intendance. Résultat, le reste du temps, je me tourne les pouces.
On fait un CDG-IAH en 340 et je siège dans le cockpit pour
l'atterrissage. La dernière fois que ça m'était arrivé, j'avais une pancarte
UM au cou !
On commence par San Jose où on nous présente aux autorités (très
important pour savoir à qui il faut filer les pins et autres trucs servant de bakchich).
On nous fait visiter la tour : mazette, on arrive par un escalier et la première chose que
l'on voit c'est la partie inférieure de la console où les fils pendent et les contacts
sont faits en torsadant les fils, le tout avec du scotch, on n'est jamais trop sûr de rien.
L'écran radar est tellement vieux que les airways sont figées ainsi
que le relief : au lieu de voir un spot pour un avion, on voit une ligne continue dans l'axe
de la pise... Pas rassurant pour un sou. La suite nous donnera
raison puisque par deux fois, on sera obligé d'évacuer la piste en
urgence, deux avions "non programmés" (sic) devant se poser...
On tenta de voir quelques volcans mais à part les sources d'eaux chaudes,
on ne vit pas grand chose : il faisait mauvais et on était arrivé bien trop
tard pour voir quoique ce soit. Au passage on manque de mourir en voiture,
notre conducteur se prenant pour Fangio. Il nous arrête cependant pour nous
montrer un serpent corail, mort, écrasé par un quelconque automobiliste.
La suite c'est Lima, Pérou. Un petit saut en avion et hop, remesure de
piste. La piste vient d'être refaite et c'est la plus belle que j'ai jamais
vue (en terme d'état de surface). On fait ça en pleine après-midi sous le
soleil plombant des tropiques... La couleur locale est aux soldats dans des
guérîtes à chaque intersection. Le sentier lumineux n'est pas très loin et
en tant qu'étranger on nous cloître dans un hôtel. J'en profite pour
envoyer, via email, mes conclusions quant à la mesure effectuée à San Jose :
il y a un souci au niveau de la lecture des données et je ne suis pas certain
qu'elles seront exploitable.
On se lève aux aurores un petit matin, direction Cuzco : en moins de 40
minutes de vol (de mémoire) on va passer du niveau 0 à 4000 mètre
d'altitude. A l'arrivée, on ne fait pas les malins et on boit notre "mate
de coca" pour nous calmer (c'est une tisane qui relaxe, bien normal vu que c'est une infusion
de coca, pas la boisson texane, la plante)...
Pas de bol, ils ont paumé ma valise et on arrive trop tard pour prendre le train qui se rend
à Maccu Picchu, bah ça sera pour une autre fois, j'en ai déjà assez vu !
En fait, la chance sera de mon coté : il y a un service en hélico qui dessert
le site. Quelques heures plus tard, laissant Guy turbiner, je survole les plateaux péruviens
dans un Mi-17 (variante du Mi-8, la version spéciale montagne dixit mon
pilote : j'ai piqué la consigne de sécurité mais je ne l'ai pas sous la
main pour confirmer le type).
Les hauts plateaux péruviens vu depuis l'hélico
Au retour, Guy se fera lourdement engueuler de
m'avoir autorisé à faire ça : la compagnie ayant perdu des cadres quelques
années auparavant dans des conditions similaires. En plus, ma mère m'avait fait faire
tout un tas de démarches parce qu'elle me voyait déjà mourir d'une crise de palu
pendant le voyage en Afrique. Alors imaginez ce que mon chef avait pensé d'un vol en hélico...
Si vous avez le temps, que vous aimez les vieilles pierres et les vieux
sites chargés d'histoire, c'est impressionnant, je le conseille.
Assemblage sans mortier ou quoique ce soit d'autre...
Comment "couper" les pierres
Ça n'a pas l'air mais les plus gros blocs font plusieurs tonnes et ont été déplacés à la main
"Stylisée" mais c'est la Croix du Sud
De retour à Cuzco, un petit gamin nous fait la manche et lorsqu'on lui dit
qu'on est français, il nous sort la liste de tous les joueurs de l'équipe
française : l'effet coupe du monde... Guy finit par lui acheter des
chaussures de tennis au grand dam du vendeur qui ne veut pas faire essayer ses chaussures à un
gamin qui a les pieds sales (il se balladait pieds nus)... Finalement, il trouve la parade : des sacs plastiques en guise
de chaussettes !
Ce soir là, on dort difficilement à cause de l'altitude,
malgré la fatigue...
Un alpaga (pas un lama)
Un lézard (pour le coup je ne suis pas aussi affirmatif)
L'église de Cuzco, de nuit
Et surtout, j'ai cramé sous le soleil, ça va faire mauvais genre lorsqu'on
sera de retour à CDG... :-D
Juste avant de quitter le Pérou, les gens de Leica (les fabricants de notre
GPS) nous confirment que la mesure est à refaire... Ca rallonge d'un peu plus
notre séjour et on est passablement énerver de rajouter une étape non
prévue (surtout qu'on a que moyennement apprécié l'accueil local). On boucle la
mesure de San Jose, mesure qui vaudra de l'or lorsque le temps sera venu.
Je quitte le groupe Air France à la fin de l'année, après seulement 3
mois d'exercice. J'aurais plus appris pendant ces 3 mois que pendant
n'importe quelle autre expérience et encore aujourd'hui, je me félicite
d'avoir fait ce choix et d'avoir pu garder de très bons amis.
Mon maître de stage me laisse partir en me disant qu'il serait normal que je puisse
effectuer un vol sur Concorde pour me remercier.
Je dois reconnaître que j'ai eu un bol immense de tomber la dedans. Le
milieu est extra et en plus de marcher sur les pistes, de voir des avions, de sentir le kéro,
j'ai découvert des contrées qui m'étaient inconnues.
Et, comble du bonheur, j'ai la chance de pouvoir approcher ce bel oiseau qu'est Concorde,
de le visiter et de rêver parce finalement c'est ce qu'il évoque pour moi.
Fin décembre, le rêve est fini et je me demande comment je vais faire pour
retourner en cours, à bosser sous le néon du labo du sous-sol, après cette
petite aparté qui m'a parue durer une éternité.